Une Pub

Ecologique et sociétale.

Les fruits moches. Oui, nous connaissons tous l'importance du gaspillage dans le rayon fruits et légumes. Nous savons que c'est stupide de jeter une mandarine parce qu'elle a un diamètre de 4,5 centimètres et non pas 5. Et ça ne nous viendrait jamais à l'idée de jeter un "fruit moche" issus de notre jardin. Pourtant, au rayon fruits et légumes de notre supermarché, on touche les fruits, on les sent, on les compare, pour finalement choisir d'acheter ceux qui nous semblent les plus "jolies". Et oui, il existe des critères de beauté même pour les fruits. Et comme en amour, on est attiré parce qui est beau, ce qui sent bon, alors que finalement le "beau fruit" n'est pas meilleur qu'un autre. On le sait mais on ne peut pas s'en empêcher.

Alors oui, l'initiative des "fruits et légumes moches" d'Intermarché 30% moins cher que les "beaux" produits, c'est une bonne initiative. C'est un bon moyen de motiver le consommateur d'acheter un produit "moche". En effet, étant donné que l'on sait que le produit A est de qualité équivalente au produit B, si B est 30% moins cher, alors on va rationnellement acheter le produit B. Alors qu'à qualité et prix équivalents, la rationalité n'a plus d'effet, on passe donc sur des raisonnements émotifs -l'esthétisme par exemple- qui fait qu'on va acheté A juste parce qu'on trouve A plus attirant. 

D'où l'importance de la différence de prix. En plus, même pour les producteurs, mieux vaut vendre sa pomme X centimes, même si le prix est dérisoire que de le jeter, et donc perdre de l'argent. Surtout quand on sait que les pertes sont en moyenne de 30%. 

En plus de ça, je pense qu'à long termes cette initiative peut nous réapprendre à ne plus être si discriminant envers les fruits et légumes, et peut-être même qu'un jour, on verra le fruit tel qui est sans critère d'esthétique. 

Pour en venir à ces trois publicités, ce que j'apprécie chez elles, c'est tant bien leur décalage. Le fruit ou le légume devient une "personne" avec sa sensibilité, ses complexes. Mais aussi le fait que la publicité joue sur l'émotion du prospect, et non la rationalité comme cela aurait pu être attendu. En effet, on parle de confiance en soi, et il faut reconnaitre que c'est discours nous parle. En plus, la musique et les voix sont très bien adaptées : la carotte est épique, on imagine presque un joueur de rugby, ce qui donne une touche d'humour. La clémentine nous émeut, avec cette musique douce au piano, et cette voix réconfortante. La pomme attendrie, avec les réflexions innocentes de l'enfance. Trois émotions variées, pour toucher à mon avis de large public. 

J'apprécie également dans ces publicités le travail du texte, et l'épuration des visuels. Un fruit moche, et même bien moche, qui tourne simplement sur un fond blanc pour mettre un peu d'animation. Pour le texte, avec la carotte, les vitamines et minéraux deviennent des qualités. Devenir du jus, une soupe ou  encore une purée sont des carrières potentielles. En ce qui concerne la clémentine, les jeux de mots sont plus subtils. On parle de "perfection fade", de beauté intérieure et d'ouverture (haha c'est une clémentine, on mange l'intérieur). Pour la pomme, on est dans un discours plus direct étant donné que là le discours s'adresse explicitement à un fruit bizarre, qui inspire l'imagination d'un petit garçon rêveur. 

A la fin, on retrouve le logo : Les fruits et légumes moches. Et la baseline : Une belle idée contre le gaspillage. Avec une opposition entre le beau et le moche, thème récurrent de la campagne. 

Ce que j'aime : L'idée commerciale derrière ce mouvement et la réalisation originale mais simple du message.

Ce que je n'aime pas : L'idée est bien, la pub est bien, mais j'ai l'impression que ce n'est pas une action véritablement menés dans les intermarchés.